Comment peut-on encore diriger ?

Le monde actuel nous invite à questionner presque tout ce qui est en place. Surtout la manière de diriger.

Cette période contestataire nous pousse à ne plus “tourner notre siège dans le sens de l’histoire”, et à redéfinir nos nouvelles normes.

Aujourd’hui nous ressentons la nécessité d’analyser les modes de fonctionnement de notre système et nous veillons à ce qu’ils intègrent du sens, de la nuance, et la diversité.

L’autorité connaît une période transitoire : on la définit dorénavant au travers de l’engagement et l’authenticité.

« Un leader authentique ne recherche pas le consensus, il le crée. » Martin Luther King

Entre les réalités économiques et les revendications sociales, les entreprises doivent enclencher un vaste programme d’ajustements.

Nous nous sommes demandé chez Nouvelle Vague s’il est possible de diriger sans autorité ?

Depuis quelques années, les sociologues mettent en avant, un déclin de légitimité des institutions ; en d’autres termes, une crise globale de l’autorité dans notre système.

Les gens ont besoin de considération, de reconnaissance, et souhaitent désobéir au pouvoir, ou dans une moindre mesure, ne plus subir l’autorité.

On assiste à un phénomène culturel qui vise à transformer les donneurs d’ordres en représentants collectifs.

Pourtant, le rôle des représentants d’entreprise reste de conduire et mener leurs équipes et leur politique entrepreneuriale dans une direction commune. Et pour se faire, ils ont inévitablement besoin d’un pouvoir de décision et d’influence.

On constate d’ailleurs qu’1 salarié sur 2 souhaite encore travailler avec un leader qui sait diriger et prendre des décisions (Michael Page).

Comprenons alors que ce qui est remis en question c’est uniquement l’état de domination, d’autorité sous la contrainte ou la soumission, l’excès de pouvoir. Mais le besoin d’être dirigé reste intact.

Notre société ne demande pas des super héros/héroïnes du quotidien, mais une gouvernance plus juste et qui tienne compte des besoins individuels actuels.

Les aspirations évoluent et il devient compromettant pour les dirigeant(e)s de piloter à vue uniquement pourvus de leur propre opinion.

L’entreprise est devenue une vitrine de notre société, et participe, en tant actrice engagée à part entière, aux évolutions sociétales. Ces dernières doivent implacablement être représentées dans les bureaux.

Le prisme de l’entreprise et son périmètre de répercussion se sont élargis ;

et par effet ricochet, le rôle et l’impact de ses dirigeant(e)s aussi.

Tenir une position de décisionnaire au milieu de cette vague de transformations demande une certaine force mentale.

Conduire une entreprise faisant face à une multitude de changements demande du courage.

Non seulement, il faut accepter de sortir des approches connues et conventionnelles et continuer d’agir malgré les difficultés, mais il faut aussi conserver une énergie productive et une confiance inébranlable en son jugement.

Pour pouvoir prendre une décision pour son entreprise, cette escalade contextuelle demande un sens critique certain et surtout d’avoir la capacité de discerner les événements et d’anticiper leurs impacts.

Benoît Heilbrunn parle de légitimité charismatique et son approche nous intéresse.

Développer son autorité naturelle demande de prendre le risque d’exprimer, et donc d’exposer, sa personnalité.

Ce modèle valorise la vulnérabilité et demande d’afficher ses convictions et d’avoir le courage de les revendiquer.

Incontestablement, ce n’est pas une tâche facile lorsque l’on voit que les convictions et pratiques managériales ont volé en éclats.

Il existe un besoin urgent de réinventer un modèle de gouvernance par la flexibilité et la créativité.

Il est sûrement plus important que jamais d’avoir recours à cette méthode “d’Advice Taking” pour faciliter le cheminement d’adaptation en se faisant accompagner.

Demander conseil ne veut pas dire que l’on appliquera obligatoirement celui-ci ; en revanche, c’est un moyen de confronter sa propre opinion et de progresser.

À condition, bien sûr, de reconnaître la valeur du raisonnement de l’accompagnant.

Courage et écoute sont des moyens de perpétuer une légitimité managériale.

Article rédigé par Nouvelle Vague.